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Jean-Henri DOLLFUS
Jean-Henri DOLLFUS 1724-1802
Percale 1777
Percale glacée, colorants végétaux 1777
Lettre Voiture 1797
Lettre Voiture à Dolffus, Vetter & Cie, 1797
Indienne 1800
Fragment indienne 1800

livre échantillons & imprimés 1833

Planche à imprimer pour "Perrotine"
Musée de l'impression sur étoffes Mulhouse

Histoire de D.M.C.
Première période : 1746-1850

Les grands fondateurs : Jean-Henri et Daniel DOLLFUS

Mulhouse, la "petite Manchester", doit son essor au textile. Canton calviniste suisse, elle échappe à l'interdiction faite par Colbert aux protestants de développer des industries.

 
  • 1746
    • Mulhouse est une ville libre (en fait une bourgade de 4.000 habitants), alliée des cantons Suisses depuis un traité de 1515. D'origine Suisse et Calvinistes, les DOLLFUS sont des marchands polyglottes. Nombre d'entre eux remplirent les plus hautes charges de la petite république. .
    • Arrivée des DOLLFUS à Mulhouse : Jean (Hans) DOLLFUS, forgeron, né vers 1515 à Rheinfelden, s'établit à Mulhouse en juillet 1553 avec son fils Jean. Il épouse Merga, et devient rapidement membre de la Confrérie des Tailleurs et de celle des Vignerons. Le fils de Jean, Caspar, sera bourgmestre de 1618 à 1634. Caspar aura 2 enfants : Jean-Henri et Jean-Caspar, bourgmestre de 1655 à 1690.
    • Jean-Henri DOLLFUS de VOLCKERSBERG (1724-1802), voir portraits, artiste peintre et frère du maire, rejoint, vers 1740, Samuel KOECHLIN, fondateur de la 1ère fabrique de toiles peintes dites "'indiennes", et Jean-Jacques SCHMALZER son associé, négociants, et Jean-Jacques FEER. Jean-Henri crée les motifs pour les étoffes.
    • Les '"indiennes", car fabriquées en France par la Compagnie des Indes Orientales et concurrentes d'articles importés du continent indien, sont réalisées à partir d'étoffes de coton achetées écrues, imprimées à la main et enluminées au pinceau en camaïeu ou en deux couleurs; les couleurs étaient fixées à l'aide de mordants.
    • Ils profitent du statut particulier de l'Alsace, qui échappe aux mesures d'interdiction d'achat et de vente d'indiennes en France (arrêté de Louis XIV du 26 octobre 1686, à cause de la concurrence avec les fabrications de laine et de soie), et du statut de Mulhouse.
    • C'est lors d'un séjour à Bar-le-Duc que SCHMALZER découvrit l'importance du trafic clandestin important de toiles peintes étrangères vers la France, et qu'il eut l'idée de créer une manufacture à Mulhouse.
    • Cette entreprise s'appelle d'abord "Koechlin Schmaltzer & Cie", puis "Koechlin Schmaltzer Dolffus & Cie", qui produira 30.000 pièces d'étoffes en 1756.
  • 1752
    • Philippe-Jacques OBERKAMPF crée une usine d'indiennes à Lörrach, et la cède en 1753 à Frédéric KÜPFER de Berne; elle est ensuite cédée en 1804 aux frères MERIAN de Bâle. L'usine, gérée par Pierre et Daniel KOECHLIN de Mulhouse, deviendra en 1856 K.B.C. (KOECHLIN BAUMGARTNER et Cie) et rejoindra en 1970 le groupe DMC. Le fils de Philippe-Jacques OBERKAMPF sera le fondateur en 1760 de la très fameuse manufacture de Jouy-en-Josas.
  • 1753
    • Le Conseil de la République, qui s'était opposé au développement d'industries pouvant concurrencer la laine, libère celle des indiennes.
  • 1756 (ou 58)
    • Les 3 associés se séparent et fondent des maisons différentes.
    • Jean-Henri et son frère Jean (1729-1800), voir portraits, bourgmestre de la ville, qui déclarera la fabrication de toiles peintes "art libre", entraînant ainsi un développement des indienneries, s'associent pour exploiter une fabrique à Dornach "Frères Dollfus, Vetter et Cie"
    • L'entreprise créée par KOECHLIN deviendra par la suite, après différentes dénominations, K.B.C. (Koechlin Baumgartner et Cie), impression à Loerrach
  • 1759
    • La fabrication des indiennes est de nouveau autorisée en France, à la suite des interventions de la Pompadour ... et l'importation interdite. Les manufactures d'indiennes se multiplient.
  • 1760
    • Un DOLLFUS fonde une indiennerie à Lyon.
  • 1777
    • Au retrait des associés de Jean, l'entreprise Frères DOLLFUS devient "Jean DOLLFUS"
  • 1783
    • Avec l'arrivée de Jean fils, l'entreprise devient "Jean DOLLFUS père"
  • 1785
    • Des industriels genevois installent à Constance, sur l'île Saint-Dominique, les premières manufactures d'indiennes. L'une sera rachetée en 1812 par les frères Gabriel et Ludwig HEROSE, qui rejoindront DMC, par KBC, en 1973
  • 1798
    • A la fin du blocus (1792-1798), rattachement de Mulhouse à la France. Mulhouse, avec 14 indienneries, est l'un des principaux centres européens d'impression des étoffes. Jean DOLLFUS se tourne vers les marchés extérieurs.
    • Daniel DOLLFUS (1769-1818), fils de Jean (le bourgmestre), et neveu de Jean-Henri, rentre chez DOLLFUS VETTER & Cie, dont il prendra la direction.
  • 1800
    • 700 personnes travaillent chez DOLLFUS, sans compter ceux qui travaillent à domicile pour l'entreprise. Il y a 150 tables d'impression, soit 3 fois plus que les autres entreprises. C'est la plus importante entreprise alsacienne de toiles peintes. Elle est soutenue par les banquiers bâlois. C'est encore aujourd'hui la plus ancienne fabrique française de textile.
    • En avril 1800 (Germinal An VIII), Daniel DOLLFUS (1769-1818), fils de Jean (le bourgmestre), et neveu de Jean-Henri, se marie avec Anne-Marie MIEG, et rattache le nom de MIEG à son nom, ainsi que cela se pratiquait à l'époque.
    • Daniel hérite de l'entreprise paternelle, et fusionne les entreprises le 21 mars,
      pour créer une société en nom collectif: "DOLLFUS-MIEG et Cie", en abrégé D.M.C.
      Il regroupe les activités à Dornach.
    • De santé fragile, il s'entoure de Jean VETTER et Rodolphe GROSSMANN
  • 1802
    • Jean-Henri DOLLFUS meurt, ruiné, ce qui ne l'empêchera pas de symboliser le succès.
    • Auguste DESCAMPS crée à Lille une activité de filterie et commercialise le produit en tant que négociant transformateur. Ses deux fils Auguste et Alfred s'associent à l'affaire paternelle. La société DESCAMPS rejoindra DMC en1966.
  • 1803
    • Début de la conxcurrence de machines à imprimer installées à Wesserling.
    • DMC a 200 tables d'impression
  • 1806
    • Jean DOLLFUS-MIEG (1800-1887), leur fils, humaniste très attentif aux conditions de vie des ouvriers, qui, au départ ne s'occupait que de l'impression, rajoute le tissage à bras des indiennes et une filature manuelle de coton (alors que les Anglais ont des filatures mécaniques) compte-tenu de l'interdiction d'importer des toiles en 1806.
    • DMC obtient une médaille d'argent de 1ère classe à l'Exposition des Produits de l'Industrie Française à Paris : "les toiles peintes présentées par ces fabricants sont remarquable par la beauté des couleurs et le choix des dessins; le teint en est solide". C'était la 1ère Exposition où les toiles peintes étaient présentées.
    • La même année, DMC sera favorisée par le Blocus de Berlin, qui éliminera provisoirement la concurrence anglaise.
    • Avec 800 ouvriers, et 34.000 pièces de toile peintes à la main par an, c'est la plus importante maison alsacienne de toiles peintes.
    • Ouverture d'un grand atelier de tissage à Carspach (qui ne fermera qu'en 1880). 14 autres seront créés par la suite dans la région.
  • 1807,
    • Mise en service chez DMC de la première machine à imprimer au rouleau en cuivre gravé, procédé OBERKAMPF
  • 1808,
    • Ouverture de bureaux à Paris, dans le quartier du Sentier, pour la commercialisation de toiles peintes; seront fermés en 1896.
  • 1810
    • Développement d'une nouvelle méthode d'impression, le "rouleau" en bois, qui permet de passer de 20 à 50 ou 100 m à l'heure, permettant de populariser les imprimés jusqu'alors réservés aux nobles et aristocrates. Leur production passera de 7 millions de mètres en 1815 à 82 millions en 1869.
  • 1811,
    • Malgré sa multiplicité de tissages à bras, la fabrication ne suit pas la demande et DMC doit importer 34.000 toiles par an.
    • Ouverture de comptoirs à l'étranger, à Bruxelles, Naples, Lyon, Strasbourg, Bordeaux et Toulouse
    • Nicolas KOECHLIN fait les premiers essais de métiers à tisser mécaniques.
  • 1812,
    • Daniel DOLFUSS fait construire à Mulhouse-Dornach une filature mécanique, dont le premier métier entre en service en 1813. C'est la 1ère machine à vapeur introduite en Alsace, et ses 10 CV demandent beaucoup de combustible.
    • Pour assurer son approvisionnement en charbon, Daniel DOLFUSS devient copropriétaire, jusqu'en 1842, des Houillères de Ronchamp (Haute Saône), mais va également chercher son charbon jusqu'en Prusse. L'ouverture du canal Rhône/Rhin permettra de s'approvisionner plus sûrement et à moindres frais.
    • DMC est une des rares entreprises réunissant sur le même site : impression - tissage - filature
  • 1814
    • André KOECHLIN (1789-1875), gendre de Danile DOLLFUS, rejoint l'entreprise
  • 1815
    • Georges DOLLFUS fait les premiers essais de fixage de la couleur par la vapeur d'eau.
    • Le traité de paix signé le 20 novembre 1815, après la défaite de Napoléon à Waterloo, permet la libéralisation du commerce et l'exportation par les Dollfuss dans le mond entier.
  • 1818
    • Daniel DOLLFUS décède à 49 ans, laissant une affaire prospère à ses quatre fils : Daniel DOLLFUS-AUSSET (1797-1870), Mathieu (1799-1887), Jean (1800-1888) et Emile (1805-1858) et à André KOECHLIN - chacun ayant 20% des parts. Et, selon les accords dynastiques, seuls les descendants des DOLLFUS pourraient intégrer l'entreprise. Les 4 enfants devront attendre 1925 pour avoir la direction totale de l'entreprise, après l'effacement de la veuve et d'André KOECHLIN.
    • Jean DOLLFUS devient le patron de DMC; Daniel est responsable du blanchiment, de la teinture et de l'impression; Emile est responsable de la filature et du tissage.
    • DMC emploie 4.000 tisserands à bras travaillant à domicile ou dans de petits ateliers ruraux.
  • 1819
    • Médaille d'or à la 5ème Exposition des Produits de l'Industrie Française à Paris, pour : sa belle fabrication, le bon goût des impressions et l'éclat des couleurs.
    • Remplacement de la machine à vapeur par une machine à propulsion anglaise de 40 CV.
  • 1820
    • Jean DOLLFUS intègre l'entreprise le 25 mai, et la dirigera de 1850 à 1876.
    • L'entreprise introduit pour la 1ère fois en Alsace les roues de lavage, le chauffage à la vapeur des cuves de teinture (rapporté d'Angleterre par Daniel DOLLFUS-AUSSET), et des machines à imprimer à 2 couleurs importées d'Angleterre (selon une autre source, la 2ème machine à imprimer chez DMC aurait été achetée en 1827)
  • 1821
    • Essais peu concluants sur le plan de la qualité de tissage mécanique avec une machine faite selon des plans anglais
  • 1824
    • Un acte de société du 29 décembre oblige les fils DOLLFUS à poursuivre la ploitique d'autofinancement de l'entreprise : les associés doivent replacer l'intégralité de leurs mises rémunérées à 5%, avec un retrait annuel maximal de 5.000 Franccs (sauf évènement exceptionnel). Cet autofinancement a été, au cours des années, un atout formidable pour le développement de DMC.
  • 1825
    • Le 24 décembre, les industriels mulhousiens protestants créet la S.IM. (Société Industrielle de Mulhouse), à vocation sociale. Nicolas KOECHLIN en sera un des premiers Présidents. Danile DOLLFUS-AUSSET, chimiste et physicien, Directeur Technique chez DMC sera un des cofondateurs.
  • 1827
    • Emile DOLLFUS, après un stage de 6 mois à Manchester, prend la direction de la filature et du tissage.
    • On compte en France 27 manufactures produisant 18 millions de mètres d'imprimés; ces chiffres vont doubler en 10 ans
  • 1829,
    • Création d'un tissage mécanique de 300 métiers, selon le procédé anglais Josué HEILMANN. La productivité est multipliée de 4 à 6.
  • 1830,
    • DMC fait travailler 4200 personnes, dont certaines sur des métiers à tisser manuels dans les campagnes environnantes, exporte 50% de sa production.
    • Création de la 1ère Caisse de Secours en cas de maladie
    • En Alsace, Edouard VAUCHER crée une entreprise de négoce, qui deviendra la SAIC (Sté Anonyme d'Industrie Cotonnière. Il prendra en 1850 deux associés, Jacques SCHEIDECKER et Henry SPOERRY-MANTZ. La SAIC rejoindra DMC en 1968.
  • 1832
    • La planche à bois se mécanise grâce à la "perrotine", machine inventée par l'ingénieur PERROT de Rouen, en 1832 ou 34. Elle permettait d'imprimer de une à quatre couleurs sur des tissus larges de 70 à 140 cm à 180m de tissus par heure.
  • 1834,
    • DMC est considérée comme une maison de 1er ordre pour les produits imprimés, "recherchés par l'Europe et les deux Amériques"
    • Médaille d'or à la 8ème Exposition des Produits de l'Industrie Française à Paris
    • Emile DOLLFUS élu Président de la SIM (Société Industrielle de Mulhouse), et le sera jusqu'en 1858
  • 1836
  • 1839,
    • DMC a 4.200 ouvriers, une filature de 20.000 broches produisant 325 tonnes de coton filé, 300 métiers de tissage mécanique et 1.500 métiers de tissage à bras, une manufacture d'impression qui produit 2 millions d'aunes de tissus vendus dans le monde entier, et une grande blanchisserie.
    • Premiers essais de fabrication de coton retors pour l'usage en broderie ou couture
    • 49 sociétés produisent 29 millions de mètres, dont 50% exportés
  • 1840
    • Un DOLLFUS fait souche à New-York
    • Création d'un atelier de retordage
    • Fondation de la société GRENOT à Roanne, spécialisée dans les tissés teints. Elle deviendra les Tissages Roannais, qui rejoindront DMC en 1965
  • 1841,
    • L'entreprise a 500 tables d'impression de 2 à 14m, un maximum avant leur déclin progressif. La filature a 26.000 broches.
    • Elle emploie 3.300 ouvriers.
    • Début de la production de fil à coudre, le fameux "fil d'Alsace" vendu en pelotes et bobines sous la marque DMC.
  • 1843
    • Frédéric ENGEL-DOLLFUS (1818-1883), industriel Saint-Simonien, gendre de Jean DOLLFUS (1800-1888) entre dans la société. Né à Cernay (Haut-Rhin) en 1818, il est l'époux de Julie DOLLFUS. Il va contribuer à transformer DMC en filature, et il développe la protection sociale (lire : Frédéric Engel-Dollfus, un industriel saint-simonien, de Jérôme BLANC, éditeur Christian, Paris). C'est lui qui va créer les cotons à broder, dont l'Angleterre avait la quasi exclusivité.
    • Ouverture d'un atelier de laine mélangée de soie et de coton pour l'impression.
  • 1844
    • Médaille d'or à l'Exposition des Produits de l'Industrie Française
  • 1847
    • Création à Roubaix de la société LECLERC-DUPIRE, par Louis LECLERCQ MULLIEZ avec l'aide financière de son père Louis, pour la production de doublure de vêtements et tissus pour vestes d'alpaga. Ils rejoindront DMC en 1969
    • Le nombre de tisserands à bras travaillant pour DMC est réduit à 1.200 compte-tenu du développement de la mécanisation.

Fin de la 1ère période

 
 

Ets DMC en 1822
DMC Mulhouse
Usines de Mulhouse vers 1883

Extraits de

  • "1746-1946, DOLLFUS-MIEG & Cie, Deux siècles d'activité"
  • "De la crise de la sardine à l'âge d'or de la dentelle", Mémoires-Éditions Ouest-France. Images DMC -
  • "DMC au fil du temps", par Philippe LECLERCQ, Asso. DMC pour le développement des œuvres de l'art et de l'esprit, 1991
  • "Les Koechlin vous parlent"
  • "La restructuration de l'industrie textile et ses conséquences. L'exemple du Groupe Dollfus-Mieg", par Michel BATTIAU, CÉRÈS Nord-Pas-de-Calais n°11
  • "1798-1848-1948, Trois étapes de la vie Mulhousienne", Bulletin de la Sté industrielle de Mulhouse, 1948