Histoire de D.M.C.
Épilogue ?

Avec le départ, en 1984, du dernier Président de la famille THIRIEZ chez DMC, l'aventure industrielle de cette famille dans le textile se fond ainsi dans le groupe DMC qui poursuit son chemin. Même si les activités de fil à industriel coudre sont cédées en l'an 2000, la signature THIRIEZ restera à jamais, grâce à la "tête de cheval" intégrée dans le logo de DMC.

C'est la fin d'une "dynastie", mais pas seulement de cela. C'est aussi la fin d'un "management à visage humain", que certains appellent le "paternalisme". La meilleure description que l'on peut trouver est celle-ci, en 1885: Conseils à un jeune Directeur
"Devoirs envers les ouvriers :
Vous vous rappellerez toujours qu’ils sont vos inférieurs, et que leur éducation, qui a pu laisser à désirer, ne leur a pas permis d’acquérir les belles qualités du cœur que vous avez reçues de votre famille. Mais, tout en leur faisant sentir que vous êtes leur supérieur, faites-le sans dureté, avec indulgence et douceur … Attachez-vous à leur rendre leur travail, je ne dis pas agréable, car leur labeur, hélas, ne peut en aucune façon être considéré comme tel, mais du moins supportable, en leur donnant quelque encouragement soit en paroles, soit en les prenant par intérêt … Votre action sur eux doit être plus persuasive que coercitive, car avec leur confiance vous en obtiendrez bien plus que par la rudesse, et votre énergie combinée avec la leur donnera des résultats plus certains que par les menaces".
Joël Saladin, Professeur de filature et de tissage, 1885

Les THIRIEZ ont été appréciés de leur personnel pour leurs qualités humaines et la considération portée aux hommes. Ils ont été à la pointe du progrès social, avec la création de maisons ouvrières, d'écoles, etc.
Voir ce commentaire de1892 :
"Les institutions patronales de cet établissement (Loos) sont tout à fait remarquables. Si l'on admet que l'ouvrier doit être constamment protégé contre ses défaillances, l'organisation sociale de Loos peut être citée comme un exemple, car elle prévoir et guérit tous les maux qui peuvent frapper la famille ouvrière ... crèche de 3O berceaux ... école pour 150 enfants de 3 à 7 ans .. orphelinat pour 70 jeunes filles ... école pour enfants de 13 à 15 ans ...distribution quotidienne de secours aux ouvriers malades et aux femmes en couches ... pensions retraites pour les ouvriers .. installation de bains et douches pour les ouvriers .. 250 maisons à la disposition des ouvriers et employés ... coopérative de consommation .. soeurs gardes-malades ... etc."

Voyages pittoresques et techniques en France et à l'étranger, par E. O Sarri, Paris 1892

 

Vous avez, dans ces pages, beaucoup entendu parler de "crise du textile" et vous êtes probablement demandés pourquoi diable les dirigeants avaient tant de mal à y faire face ..
là il est nécessaire de prendre un peu de recul historique et de se rappeler ce que disait Mr. SALADIN en ... 1885 :

"Il ne faut pas se le dissimuler, en effet, notre industrie (textile) nationale traverse une crise sans précédents, dont elle sortira victorieuse, nous l’espérons,
mais ce ne sera néanmoins qu’à la condition de s’inspirer des procédés les plus modernes de fabrication
et de suivre aussi complètement que possible l’exemple des Anglais, nos maîtres à tous (toute fierté nationale à part) quand il s’agit de l’industrie cotonnière".

La légende raconte que les premiers THIRIEZ ont suivi son conseil et ont été nuitamment voler une machine de filature de coton en Angleterre.
Ce n'est pas aussi savoureux que la légende de la fondation de Marseille par Protys et Gypsis, mais là aussi ce fut le début d'une belle histoire.

Que reste-t-il au XXIème siècle
du groupe DMC - THIRIEZ ?

2007, un monument chargé d'histoire pour le textile, l'usine THIRIEZ de Loos,
sera rasé pour faire place à un programme immobilier .. ainsi va la vie

image fournie par le promoteur

Après le départ de Gérard THIRIEZ, son successeur Julien CHARLIER, entré en 1981, Président de 1984 à 1994, dirige l'entreprise avec des méthodes que les THIRIEZ, DOLLFUS, CARTIER-BRESSON, LECLERCQ n'auraient jamais pu imaginer :

"Des veaux, ces collaborateurs, qui ne pigent pas assez vite. < Chez moi, il n'y a pas de placards. Les incapables, je les mets dehors > ... Autour de lui, ils sont nombreux à être partis, fatigués de s'être entendus traiter d'incapables ... ." Le Nouvel Économiste du 29/10/93

Ces méthodes ont-elles été efficaces ?

En 2000, le groupe doit céder ses activités historiques de "Fil à coudre industriel" à son grand concurrent historique : l'Anglais COATS. Ce dernier récupère le matériel et liquide l'usine de Loos.

En 2008, article du Figaro du 22 février :
"Crise ouverte chez l'industriel DMC"
En pleine crise financière, le fabricant de tissus a annoncé hier le départ de son président, Jacques Boubal, présent dans l'entreprise depuis trente cinq ans, remercié par le conseil d'administration ... Le groupe a décidé par ailleurs de se séparer de sa filiale Loisirs § Création, dont il détient 66%. Cette chaîne de magasins était pourtant présentée depuis plusieurs années comme sa seule planche de salut.
Mais le cash manque ; DMC vient de conclure avec ses créanciers un ré-échelonnement de sa dette de 14 millions d'euros.
204 emplois doivent disparaître cette année.
Les salariés de DMC se sont mis en "grève illimitée", lundi, réclamant un meilleur plan social. "

... les "veaux" se rebiffent ...
Il faut dire qu'ils ont une sacrée tête de cheval !

5 mai 2008, le "groupe DMC" réduit à une peau de chagrin de 1.150 salariés, avec la chaîne de magasins Loisirs et Créations, DMC tissus, et DMC SA avec le fil à broder, est mis en redressement judiciaire.

La fin de DMC ?

2011, la "renaissance" de DMC

"DMC Arts du Fil (Mulhouse) redevient alsacien grâce à des investisseurs locaux qui ont racheté 43 % des parts à Krief Group qui avait lui-même racheté l’entreprise il y a environ 20 mois. La PME, sous la Direction de Philippe POILE, lui même actionnaire, se porte plutôt bien. Elle est le leader mondial du fil à broder".
(France Territoires Entreprises, Février 2011)

"Grâce à lui et ses options stratégiques, DMC retrouve des couleurs. Credo de Dominique Poile, actuel président du spécialiste mulhousien du fil à broder ? La qualité, bien sûr, mais aussi la valeur ajoutée en misant sur la notoriété de la marque et l’extension de l’offre. Revenue de nulle part après des années très compliquées lorsque DMC était encore un groupe multi-activités et que le fil à broder devait payer pour le velours (SAIC-Velcorex), l’entreprise alsacienne semble bien partie si l’on s’en tient au bilan 2010. Ses 347 salariés, dont 250 à Mulhouse et Illzach, croisent les doigts. (Actus Alsace 16/05/2011)"