Filature :

La Foudre

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Construite entre 1845 et 1847, avenue de Caen à Petit Quevilly, sur un site de plus de trois hectares ayant déjà accueilli, depuis 1835, deux filatures de coton et de lin (filature Debouteville et Chesnée puis filature Decoster), la filature de lin et chanvre « la Foudre » est à son ouverture la plus grande usine du genre en France.

Elle doit son nom à sa source d'énergie, une chaudière récupérée sur un remorqueur "La Foudre" coulé en Seine.

Son gigantesque bâtiment, 147m de long par 25m de haut, sur 4 niveaux, dû à l'architecte écossais William Fairbairn, est un modèle de l'architecture industrielle du 19ème siècle tant par son aspect que par sa modernité, avec ses planchers à l'épreuve du feu.

La 1ère usine aurait été construite en 1835, comme filature de coton, puis de lin en 1837.
mais les bâtiments brûlent en 1837. La filature a été recontruite en 1846.

Dans Bel-Ami, Maupassant y fait a nouveau référence : « la plus élevée de toutes, aussi haute que la pyramide de Chéops, le second des sommets dus au travail humain, presque l’égale de sa fière commère la flèche de la cathédrale, la grande pompe à feu de « La Foudre » semblait la reine du peuple travailleur et fumant des usines comme sa voisine était la reine de la foule pointue des monuments sacrés. »

Pour son fonctionnement, près de 400 ouvriers sont recrutés dont de nombreux peigneurs et fileurs de lin venus d’Angleterre, d’Irlande et d’Ecosse afin d’encadrer et épauler leurs collègues normands peu habitués au travail du lin et du chanvre. Présence étrangère violemment contestée par les ouvriers français de l’usine en février 1848 et qui se traduit par le renvoi temporaire de ce personnel immigré.

1857, visite de Napoléon III

1859, suite aux difficultés financières de La Foudre, depuis 1846, l'industriel et homme politique normand Auguste Pouyer Quertier (1820-1891) la rachète pour 550.000 francs, et lui donne son essor en développant la filature de coton.

Pouyer-Quertier, dans sa jeunesse, a acquis ses connaissances industrielles en Angleterre de 1841 à 1843 puis séjourne dans les grandes usines d'Alsace et d'Allemagne. Il s'installe alors en vallée d'Andelle et son coup de génie sera de racheter "La Foudre" qu'il transforme en une florissante filature de coton.
Il a été Maire de Fleury-sur-Andelle, député de la Seine-Inférieure, Conseiller Général, Ministre des Finances.
Chargé par Thiers de négocier la paix avec la Prusse, il est en récompense directement élevé au rang de Grand Officier de la Légion d’Honneur en 1873

1860, l'usine emploie près de 700 personnes, hommes - femmes - adolescents - enfants - petites filles, et produit 1 million de tonnes de fil.
Un compteur sur chaque machine indique le temps de travail à une minute près, qui servira de base au calcul de la paye des ouvriers.

1863, "La foudre est aujourd'hui la filature de coton la plus considérable de l'Ouest de la France, et l'une des plus remarquables" (Turgan)

1882, l’usine est complétée par la construction d’ateliers de tissage mécanique, spécialisés dans la production des tissus écrus, qui occupent plus de 250 ouvriers.

1891, décès de Pouyer Quertier. Il laisse des usines déficitaires et une fortune grévée d'hypothèques.
Sa statue monumentale, inaugurée en 1894 sur la place Cauchoise sera fondue en 1941 dans le cadre de la récupération des métaux non ferreux.

Au lendemain de la Première guerre mondiale, durant laquelle les établissements textiles quevillais ont largement travaillé pour le compte de l’intendance militaire, la Foudre possède 48.000 broches à filer et retordre et 330 métiers à tisser.
Mais, comme pour de nombreuses autres filatures françaises, les conséquences de la crise économique de 1929 sont fatales à l’entreprise qui est contrainte de stopper sa production en 1932.

Faute de repreneur dans la branche textile, l’usine est vendue le 20 juin 1938 à l’Etat français et transformée en caserne du nom de Tallandier, désaffectée depuis 1999..

Sources Archives municipales

Usine La Foudre 1870