La "Filterie de coton" : Le coton (suite)

La plante

Famille des Malvacées, plantes dicotylédones comprenant 1 000 espèces réparties en plus de 100 genres.
Après la floraison, l'ovaire se transforme en capsule (contenant 20 à 50 graines) qui s'ouvre à maturité. Chaque graine est entourée de 5 000 /10 000 duvets et d'environ 10 000 fibres, excroissances de l'épiderme de la graine.

On récolte le coton-graine, qui est ensuite séparé en fibres (32 à 44 %) et graines (55 à 65 %). La fibre est utilisée, suivant qu'elle est plus ou moins longue, en filature peignée, en filature cardée ou en ouaterie.

La graine fournit : de l'huile (environ 18 % de son poids en huile raffinée) à usage alimentaire ; des protéines (environ 17 % du poids de la graine) le plus souvent destinées jusqu'à maintenant à l'alimentation du bétail (tourteaux), mais de plus en plus dans l'avenir à l'alimentation humaine (farine et dérivés) grâce à l'utilisation de variétés sans glandes à gossypol ; duvet ou « linter » (8 %) utilisé pour des textiles grossiers, en ouaterie, ou dans l'ind. de la cellulose ; des coques (40 à 45 %) utilisées principalement comme combustible dans les huileries.

Espèces cultivées

  • Gossypium hirsutum,
    • aussi appelé Coton mexicain; la culture de cette espèce date d'au moins 7000 ans : plus de 90 % des cotonniers cultivés dans le monde); haut. 0,80 à 2 m, longueur fibre 25 à 32 mm.
  • Gossypium barbadense,
    • d'origine péruvienne, compte pour environ 6 % de la production mondiale de fibres. Sa culture a été notamment introduite en Égypte et constitue, aujourd'hui au travers de la qualité "Jumel", l'un des meilleurs cotons du monde en termes de qualité et de longueur de fibres; longueur fibre 35 à 45 mm.
  • Gossypium arboreum
    • (cotonnier en arbre) : arbuste de 2 à 3, 50 m de haut aux feuilles tomenteuses qui pousse en Asie tropicale et sub-tropicale. Les fleurs sont jaunes ou rouges. Il contient du gossypol
  • Gossypium herbaceum :
    • Il produit des fleurs couleur d'ivoire laissant ensuite la place à des capsules de couleur verte, puis brune. En s'ouvrant à maturité, ces capsules font apparaître les graines entourées de fibres blanches : le coton

Un peu d'histoire

  • 7000 av. J.-C au Mexique, premières traces de la culture du coton
  • 6000 av. J.-C. au Pakistan (vallée de l'Indus).

  • 3500 av. J.-C. utilisé au Mexique (vallée du Tehaucan)

  • 2500 av. J.-C. au Pérou. XIe s. Sarrasins et Arabes importent le coton en Sicile et dans le sud de l'Espagne.
  • XVe s. Christophe Colomb voit les Indiens porter du coton dans les îles Barbades. Pizzaro le découvre au Mexique, Venezuela, Colombie, Pérou.
  • XIVe-XVIIe s. début, l'Amérique du Nord commence à cultiver du coton venant des Antilles et des Indes.
  • 1733 flying shuttle (navette volante) de John Kay.
  • 1738 étirage mécanique de Paul Lewis.
  • 1747 1er arrivage de coton américain en Angleterre : 7 sacs venant de New York. 1753 du coton de Caroline apparaît pour la 1re fois à la Bourse de Londres. Récolte et traitement exigent à l'époque un travail manuel considérable, exécuté par des esclaves. La mécanisation favorise le développement.
  • 1767 James Hargraves construit la Spinning Jenny (sa fille s'appelait Jenny), 1re machine à filer comprenant plusieurs fuseaux,
  • 1769 perfectionnée par Richard Arkwright et 1775 Samuel Crompton sous le nom de « mull-Jenny ».
  • 1785 Edmund Cartwright (1743-1823) invente le 1er métier à tisser mécanique [1678 tentative de Gennes (français)
  • 1745 de Vaucanson.
  • 1801 1re de Joseph-Marie Jacquard (1752-1834) brevetée sous le titre de « Machine pour suppléer aux tireurs de lacs »].
  • 1794 égreneuse à scies d'Élie Whitney.
  • 1907 Lucien Langénieux (Fr., 1880-1964) : métier à tisser automatique à 4 couleurs

 A partir de la seconde moitié du XVIIème siècle, le coton envahit les garde-robes. Toute la société raffole alors de ces cotonnades, symbole de la modernité de leur Èpoque: rapportées des Indes, ces fines mousselines blanches et surtout ces toiles peintes et teintes sont appelées indiennes et sont imprimées en France.

Une fibre d'origine végétale

Cette fibre d'origine végétale est fournie par le duvet d'un arbre appelé couramment cotonnier. C'est la fibre la plus consommée dans le monde, avec 40% environ de la consommation mondiale des fibres. Le coton se compose de 87% de cellulose, d'eau, de cendres, de protides, de cires et de pectines. Douceur et confort sont les deux caractéristiques qui le définissent. Il est aussi symbole de pureté et se lave à toutes les températures. Grâce aux nouvelles techniques, développées par les industriels, sa froissabilité s'estompe et son repassage peut même devenir superflu. Historiquement, le coton fut le premier support d'impressions en se parant de toutes les couleurs et de toutes les séductions pour embellir le corps.

Histoire des cotonnades

 Entre le VIII et le XIème siècle, le monde musulman familiarise l'Occident avec l'usage textile du coton, assure un transfert des techniques de fabrications textiles et lui transmet le mot coton dérivé de l'arabe "al-qutn". Le coton est consommé sous forme de rembourrage de vêements, principalement masculins, de futaines et d'étoffes d'usage courant.

A la suite des Compagnies des Indes orientales hollandaise et anglaise, créées dès le début du XVIIème siècle, la Compagnie française des Indes orientales est fondée par mesure gouvernementale en 1664. Les Indiennes parvenues sur les navires de la Compagnie séduisent le public: elles sont d'abord utilisées dans la décoration intérieure, puis gagnent le vestiaire des classes aisées. C'est alors l'arrivée en France d'indiennes, de toiles et de mousselines blanches.

  Face au succès des indiennes et toiles de coton des Indes, les manufactures traditionnelles de soierie et de lainage réagissent. De 1686 à 1759, le gouvernement français prohibe le port, l'usage et la fabrication de toiles peintes. A la levée de la prohibition, les indiennes connaissent un succès foudroyant. Aux toiles peintes et importées des Indes s'ajoutent les toiles imprimées en France ou dans les pays voisins. En 1757, le Suisse Jean Rodolphe Wetter Ètablit une fabrique de toiles peintes à Orange. En 1760, l'allemand Christophe-Philippe Oberkampf fonde la manufacture d'impression sur toile à Jouy-en-Josas, près de Versailles. La mode des mousselines de la fin du XVIIIème siècle commence dès les années 1760. C'est ‡ cette Èpoque que naît le goût du blanc égayé de couleurs.

  Le goût du blanc s'affirme tant dans les indiennes que dans les mousselines. Les robes tuniques en mousseline de coton brodé marquent l'apogée de la mode des cotonnades à la fin du XVIIIème siècle. Les progrès techniques et les recherches développées autour de la filature du coton, font du coton un témoin des progrès de son Èpoque.

Noms d'étoffes en coton

  • Andrinople : Turquie, aujourd'hui Edirne. Tissu de coton rouge assez léger
  • Basin : tissu de coton d'abord appelé « bombasin », de l'italien bambagino, banbagia (coton) ; tissu blanc, dont les côtes sont dues à un jeu d'armures ou mode d'encroisement des fils.
  • Batiste :  tissu de coton (lingerie)
  • Chintz: indienne en langue anglaise.
  • Coutil : du latin culcita (traversin ou oreiller) : gros tissu de coton pour matelas (jadis couettes ou coutes)
  • Futaine: du latin médiéval fustaneum (tissu fait à partir d'un arbre) : tissu de cotont à armure toile ou serge, mélangé de lin ou de laine et de coton.
  • Indienne: cotonnade imprimée ou tissée de fils préalablement teints. Se rapproche des rouenneries fabriquées à Rouen (à ne pas confondre avec les roanneries, tissus de coton, mais venant de Roanne) ; terme générique qui désigne toute toile à décor appliqué qu'il soit peint et teint ou imprimé.
  • Jaconas : mousseline de coton demi-claire de Djaggernat en Inde
  • Lustrine : cotonnade, utilisée notamment pour les manchettes. Aspect luisant
  • Madras : coton à carreaux.
  • Molleton : de « mollet » (mou) : cotonnade épaisse et douce
  • Mousseline: toile de coton très claire, de Mossoul en Irak, fine à très fine unie, rayée, quadrillée ou brodée.
  • Nankin :  tissu de coton jaune fabriqué dans cette ville.
  • Nansouk : du hindi (« plaisir de l'œil ») : cotonnade à dessins écossais
  • Oxford : d'Oxford (Angl.) : cotonnade à grain accentué (chemiserie)
  • Percale (pergala en tamoul) : fin tissu de coton assez serré
  • Perse d'Inde (et non de Perse) : toile à grands motifs de couleurs, indienne de très belle qualité.
  • Popeline : de l'anglais poplin, de l'italien papalino (papal) : cotonnade fine pour chemises d'homme et chemisiers
  • Siamoise: toile de lin et de coton, rayée, quadrillée, parfois brochée de laine.
  • Tarlatane : mousseline de coton transparente servant à faire des patrons
  • Toile peinte: synonyme d'indienne.
  • Vichy : toile de coton originaire de Vichy, à petits carreaux.
  • Zenana :  (en hindi) étoffe gaufrée de soie ou de coton (utilisée autrefois pour vêtements d'intérieur).
  • Zéphir : tissu de coton léger.

Sources : www.quid.fr, article AFP 2002, wikipedia