cardinal Régnier
 

Filature :

PH. VRAU et Cie


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La Maison de fabrication et de commerce de fils de lin à coudre "Ph. Vrau et Cie." a été fondée à Lille en 1816 par François-Philibert Vrau (1792- 1870), époux de Sophie Aubineau. C’est une retorderie.

En 1827 il la transfère de la rue de Roubaix au 11 rue du Pont-Neuf. L’entreprise compte alors 16 ouvriers. C’est une filterie et non une filature. Elle achète en filature des fils de lin, les retord, les travaille et les conditionne pour la vente au public. L’entreprise emploie surtout des petites machines à pelotonner, de la dimension d’une grosse machine à coudre. Le personnel est essentiellement féminin et jeune, car les ouvrières, engagées à la sortie de l’école, quittent le travail à l’occasion du mariage.

Vrau est connu internationalement pour sa marque :
Le Fil au Chinois
, vendue en bobines, en tubes, en capsules .

  • 1847, cette modeste entreprise compte 60 ouvriers et 12 métiers , elle se développe difficilement faute de moyens financiers et à cause de la concurrence (24 filatures sur Lille). Plusieurs fois elle frôlera la faillite.
    Création et dépôt, en 1847, de la marque « Fil au Chinois » (mais son véritable développement interviendra en 1859). C’est le 1er exemple d’un personnage véritablement lié à une marque. L’article de base est le fil de lin pour la couture à la main. Progressivement la pelote remplace l’écheveau. C’est une amélioration et une nouveauté.
  • 1848, on raconte que pendant la révolution, des émeutiers assiègent l’usine et s’emparent de Mr VRAU qui défendait son personnel. Il faillit être pendu, mais fut libéré par un de ses ouvriers, Lutun.
  • 1850, Philibert Vrau (1829-1905), fils du fondateur, commence à travailler dans l’entreprise.
  • 1864 ventes annuelles de 280.000 boîtes
  • 1865-66, Philibert Vrau s'associe avec son beau frère Camille Féron (1831-1908), ancien professeur de clinique médicale. Doués d’un extraordinaire sens des affaires, ils lancent la production de fil de lin en pelotes au Chinois qui connaîtra un grand succès. Les raisons commerciales sont les causes déterminantes du succès. Les Vrau ne s’y sont pas trompés. Ils ne parlent pas de « la fabrique » ou de « l’usine », ils disent : « la maison de commerce »
  • 1867, ils emploient 600 personnes.
  • 1870, la firme Vrau compte environ 1.000 ouvriers répartis dans plusieurs ouvroirs.
    Décès du fondateur, qui sera enterré à ATH (Belgique)
 
  • 1872-78, L’usine Vrau, qui s’étend de la rue du Pont-neuf à la place du Concert, est construite de 1872 à 1878. Philibert prend en charge la partie commerciale et les rapports avec le personnel. Camille, ancien médecin, s’acquitte des tâches proprement industrielles. Une politique d’exportation est mise en place, vers l’Allemagne et les pays du nord, et 90% des ventes de la maison Vrau sont centrées sur le fameux « Fil au Chinois », en pelotes de 50m, boîtes de 48 pelotes.
    La stratégie commerciale de la maison Vrau est très innovante : "un seul article, une seule marque, publicité moderne" affichée dans les gares, concours...
    Le succès du fil au Chinois suscite les imitations, et la famille doit intenter plusieurs procès en concurrence déloyale, dès les années 1880.
  • 1887, Paul Féron-Vrau (1869-1955), fils de Camille, devient l'associé de son père et de son oncle.
  • 1891, la mécanisation s’étant développée, le personnel n’est plus que de 540 personnes, dont 6 religieuses chargées de l’encadrement moral et spirituel
  • 1895, vente de 1,95 millions de boîtes de 48 pelotes de 50m ... soit 93 millions de pelotes vendues annuellement, soit 3 par habitant
  • La vie de l’entreprise se poursuivra ensuite sous la direction des familles BERNARD et THERY. Mais le développement des machines à coudre réduit la consommation de lin et la politique commerciale de l'entreprise se révélera inadaptée.
  • 1905, décès de Philibert
  • 1977, après négociation avec les filatures et filteries de France dont les établissements sont associés majoritaires, VRAU reprend les fils à coudre en lin pour la mercerie de cette Société. La société acquiert ainsi des marques très connues telles « Au Conscrit », et réunit la totalité du fil de lin fabriqué en France pour la mercerie.
  • 1979, accord est pris avec un lainier belge de Verviers, les Ets. Iwan Simonis : VRAU diffuse sur le marché français et quelques autres, ses tapis de haute laine à point noué.
  • 1980, VRAU reprend l’activité de M. & Mme Peytoureau d’Angoulême. Ceux-ci se retirent pour raison d’âge après avoir créé et développé dans toute la France une magnifique collection de nappages brodés.
  • 2007, l’entreprise est en redressement judiciaire et la marque « Fil au Chinois » est rachetée par des industriels du textile, J.Toulemonde. C'est une deuxième vie pour "le fil au Chinois".

Une seule marque : le fil au Chinois ?

Tous les documents font état de la stratégie particulière de la vente des productions VRAU sous une seule marque : le fil "au Chinois" ...

Mais, le Musée TCB a recensé d'autres marques sous la dénomination PV ou P.V., dont une au moins est signée VRAU : le coton "au Lorgnon". On peut raisonablement estimer que les autres marques ci-dessous seraient également de la production VRAU.
D'autre part, selon le site J. TOULEMONDE :
"depuis juillet 2007, nous avons repris l’activité (fabrication et vente) des établissements Vrau. Grâce à notre savoir-faire, ainsi qu’à la complicité de Frédérique Crestin-Billet de la Maison Sajou, nous avons entrepris la remise en valeur des marques historiques telles que Fil Au Chinois, Laine Saint-Pierre, Découvit, Coton XF"
La stratégie a donc évolué, mais à partir de quand ?

Marques : A l'Abondance, A l'Italie, A la Bergère, A la Bernoise, A la Moissonneuse, A la Reine Berthe, Au Chinois, Au Conscrit, Au franc Or (Coton XF), Au Lorgnon, Au Muletier, Notre-Dame de Font-Romeu

Un patron chrétien, une entreprise en développement et rentable

  • Les raisons du succès commercial 
    • Une seule marque « Fil au Chinois » à la différence de la concurrence éparpillée dans des quantités de marques.
    • Un excellent réseau de représentants exclusifs intéressés aux ventes et bien payés. La clientèle c’est pour la France 3.000 grossistes en mercerie qui vendent à 30.000 détaillants : des merciers et bien d’autres.
    • A partir de 1880, une publicité nécessaire pour contrer la concurrence, et en même temps des procès qui seront tous gagnés contre des « Général chinois », « Magot chinois », et autres chinoiseries. Une très belle affiche coloriée, imprimée par le procédé nouveau de la lithographie, est tirée à des milliers d’exemplaires. Elle sera apposée dans les gares et dans les magasins de détail.
    • La défense des prix et des marges des grossistes. En raison de son succès, le fil « au Chinois » court le risque de devenir un article d’appel, ce qui assurerait un succès éphémère. Sous peine d’arrêter les livraisons, Vrau interdit à ses grossistes de vendre en dessous d’un prix fixé.
    • Le système de « Bonifications de fin d’année » (B.F.A.) : A l’époque, les marges des grossistes étaient faibles, 5 à 6 %. La bonification de fin d’année était un système de remise non seulement proportionnelle mais progressive sur le chiffre d’affaires du client pendant l’année. Les concurrents s’efforcèrent de lutter en réunissant leurs ventes pour créer une B.F.A. commune. Leur système était lourd et peu efficace.
  • Les résultats
    • Le chiffre d’affaires est très réparti entre les clients, ce qui limite les risques financiers.
    • La vente porte essentiellement sur un seul article en deux nuances, noir et blanc, dans une dizaine de grosseurs. Bon an, mal an, il se vend régulièrement 70 millions de pelotes de 50 mètres par an, soit à peu près deux pelotes par Français. Le prix payé par le consommateur est de huit centimes de franc-or par pelote, soit environ 0,30 euros. A l’origine la part de Vrau dans le marché est de 25 %, sans doute plus par la suite. Nouveau venu, le fil à coudre en coton présenté sur bobine bois par de nombreux fabricants, dont J.T.P.F. et Wallaert, connaît un développement parallèle. Il ne concurrencera véritablement le fil de lin qu’à partir de 1910.
    • Il y avait certainement une économie sur les achats de filés faits par grosses quantités, longtemps en Angleterre. La matière représentant 50 % du prix de vente, une économie de 4 % sur les achats représentait 2 % du prix de vente. Les frais de représentation sont ramenés de 5 à 1,5 %, d’où une économie de 3,5 %. L’économie sur les frais généraux peut être chiffrée à 2,5 %, et cela fait au total une économie de 8 %. Le reste de la marge se trouve dans un prix de vente légèrement plus élevé que celui de la concurrence et qui reste stable à une époque où le franc était lui-même stable.
    • Le bénéfice moyen est de 16 % soit environ. A l’époque il n’y a pas d’impôt sur les bénéfices, ni même de taxes sur les ventes.
  • Un patron Chrétien
    • Philibert Vrau avait la volonté de développer au mieux sa société, afin qu'elle dégage d'importantes ressources lui permettant de financer des œuvres sociales et chrétiennes. Il pratiqua une politique de prix fermes, alors que la concurrence appliquait des prix bas de manière désordonnée. Dans le même temps, il pratiquait des primes en fin d'année pour fidéliser les grossistes et assurer la promotion de ses produits auprès des merceries de détail. Les ventes annuelles passèrent ainsi de 282 000 boîtes de 48 pelotes en 1864, à 1 950 000 boîtes en 1875. La production était en partie exportée vers l'Allemagne et le Nord de l'Europe.
      Au sein de son entreprise, Philibert Vrau se comportait en grand patron moderne, développant une politique sociale dans son usine qui resta longtemps un modèle :plus de travail de nuit pour les femmes, journée de dix heures, repos dominical, sociétés de logements ouvriers, écoles pour les enfants, caisses de chômage et de retraite…  À une époque où la sécurité sociale et les comités d'entreprise n'existent pas, l'entreprise apportait une aide financière aux ouvriers en cas de maladies, retraites, mariages, et les assiste dans les "coups durs".
    • Après sa conversion au catholicisme en 1854, il choisit de rester célibataire et fonda à Lille en 1857 une organisation de prière dédiée à l'adoration du Saint-Sacrement. Sur la suggestion d’Émilie Tamisier, Vrau organisa en 1881 à Lille le premier congrès eucharistique mondial.
    • Vice-président de 1872 à 1886, puis président de 1886 à sa mort, du conseil régional des Conférences saint Vincent de Paul, Philibert Vrau créa et finança un grand nombre d’œuvres catholiques : patronages, cercles catholiques d’ouvriers, congrès catholiques du Nord et du Pas-de-Calais, Université catholique de Lille, l'École des Hautes Études Industrielles, Institut catholique d'arts et métiers, écoles primaires paroissiales, œuvre des nouvelles églises de Lille, presse chrétienne...
      À propos de la fondation de l'université catholique de Lille, le cardinal Régnier, archevêque de Cambrai, eut ce trait d'humour : « L’existence de notre université ne tient encore qu’à un fil, mais ce fil est solide, c’est le fil Vrau ». Un procès en béatification de Philibert Vrau a été ouvert en 1912, sept ans après sa mort, par l’archevêque de Cambrai. La cause du procès est double puisqu'elle concerne également son beau-frère Camille Féron-Vrau
  • (sources diverses)
 
 

Filature :

PH. VRAU et Cie


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La Maison de fabrication et de commerce de fils de lin à coudre "Ph. Vrau et Cie." a été fondée à Lille en 1816 par François-Philibert Vrau (1792- 1870), époux de Sophie Aubineau. C’est une retorderie.

En 1827 il la transfère de la rue de Roubaix au 11 rue du Pont-Neuf. L’entreprise compte alors 16 ouvriers. C’est une filterie et non une filature. Elle achète en filature des fils de lin, les retord, les travaille et les conditionne pour la vente au public. L’entreprise emploie surtout des petites machines à pelotonner, de la dimension d’une grosse machine à coudre. Le personnel est essentiellement féminin et jeune, car les ouvrières, engagées à la sortie de l’école, quittent le travail à l’occasion du mariage.

Vrau est connu internationalement pour sa marque :
Le Fil au Chinois
, vendue en bobines, en tubes, en capsules .

  • 1847, cette modeste entreprise compte 60 ouvriers et 12 métiers , elle se développe difficilement faute de moyens financiers et à cause de la concurrence (24 filatures sur Lille). Plusieurs fois elle frôlera la faillite.
    Création et dépôt, en 1847, de la marque « Fil au Chinois » (mais son véritable développement interviendra en 1859). C’est le 1er exemple d’un personnage véritablement lié à une marque. L’article de base est le fil de lin pour la couture à la main. Progressivement la pelote remplace l’écheveau. C’est une amélioration et une nouveauté.
  • 1848, on raconte que pendant la révolution, des émeutiers assiègent l’usine et s’emparent de Mr VRAU qui défendait son personnel. Il faillit être pendu, mais fut libéré par un de ses ouvriers, Lutun.
  • 1850, Philibert Vrau (1829-1905), fils du fondateur, commence à travailler dans l’entreprise.
  • 1864 ventes annuelles de 280.000 boîtes
  • 1865-66, Philibert Vrau s'associe avec son beau frère Camille Féron (1831-1908), ancien professeur de clinique médicale. Doués d’un extraordinaire sens des affaires, ils lancent la production de fil de lin en pelotes au Chinois qui connaîtra un grand succès. Les raisons commerciales sont les causes déterminantes du succès. Les Vrau ne s’y sont pas trompés. Ils ne parlent pas de « la fabrique » ou de « l’usine », ils disent : « la maison de commerce »
  • 1867, ils emploient 600 personnes.
  • 1870, la firme Vrau compte environ 1.000 ouvriers répartis dans plusieurs ouvroirs.
    Décès du fondateur, qui sera enterré à ATH (Belgique)
 
  • 1872-78, L’usine Vrau, qui s’étend de la rue du Pont-neuf à la place du Concert, est construite de 1872 à 1878. Philibert prend en charge la partie commerciale et les rapports avec le personnel. Camille, ancien médecin, s’acquitte des tâches proprement industrielles. Une politique d’exportation est mise en place, vers l’Allemagne et les pays du nord, et 90% des ventes de la maison Vrau sont centrées sur le fameux « Fil au Chinois », en pelotes de 50m, boîtes de 48 pelotes.
    La stratégie commerciale de la maison Vrau est très innovante : "un seul article, une seule marque, publicité moderne" affichée dans les gares, concours...
    Le succès du fil au Chinois suscite les imitations, et la famille doit intenter plusieurs procès en concurrence déloyale, dès les années 1880.
  • 1887, Paul Féron-Vrau (1869-1955), fils de Camille, devient l'associé de son père et de son oncle.
  • 1891, la mécanisation s’étant développée, le personnel n’est plus que de 540 personnes, dont 6 religieuses chargées de l’encadrement moral et spirituel
  • 1895, vente de 1,95 millions de boîtes de 48 pelotes de 50m ... soit 93 millions de pelotes vendues annuellement, soit 3 par habitant
  • La vie de l’entreprise se poursuivra ensuite sous la direction des familles BERNARD et THERY. Mais le développement des machines à coudre réduit la consommation de lin et la politique commerciale de l'entreprise se révélera inadaptée.
  • 1905, décès de Philibert
  • 1977, après négociation avec les filatures et filteries de France dont les établissements sont associés majoritaires, VRAU reprend les fils à coudre en lin pour la mercerie de cette Société. La société acquiert ainsi des marques très connues telles « Au Conscrit », et réunit la totalité du fil de lin fabriqué en France pour la mercerie.
  • 1979, accord est pris avec un lainier belge de Verviers, les Ets. Iwan Simonis : VRAU diffuse sur le marché français et quelques autres, ses tapis de haute laine à point noué.
  • 1980, VRAU reprend l’activité de M. & Mme Peytoureau d’Angoulême. Ceux-ci se retirent pour raison d’âge après avoir créé et développé dans toute la France une magnifique collection de nappages brodés.
  • 2007, l’entreprise est en redressement judiciaire et la marque « Fil au Chinois » est rachetée par des industriels du textile, J.Toulemonde. C'est une deuxième vie pour "le fil au Chinois".

Une seule marque : le fil au Chinois ?

Tous les documents font état de la stratégie particulière de la vente des productions VRAU sous une seule marque : le fil "au Chinois" ...

Mais, le Musée TCB a recensé d'autres marques sous la dénomination PV ou P.V., dont une au moins est signée VRAU : le coton "au Lorgnon". On peut raisonnablement estimer que les autres marques ci-dessous seraient également de la production VRAU.
D'autre part, selon le site J. TOULEMONDE :
"depuis juillet 2007, nous avons repris l’activité (fabrication et vente) des établissements Vrau. Grâce à notre savoir-faire, ainsi qu’à la complicité de Frédérique Crestin-Billet de la Maison Sajou, nous avons entrepris la remise en valeur des marques historiques telles que Fil Au Chinois, Laine Saint-Pierre, Découvit, Coton XF"
La stratégie a donc évolué, mais à partir de quand ?

Marques : A l'Abondance, A l'Italie, A la Bergère, A la Bernoise, A la Moissonneuse, A la Reine Berthe, Au Chinois, Au Conscrit, Au franc Or (Coton XF), Au Lorgnon, Au Muletier, Notre-Dame de Font-Romeu

Un patron chrétien, une entreprise en développement et rentable

  • Les raisons du succès commercial 
    • Une seule marque « Fil au Chinois » à la différence de la concurrence éparpillée dans des quantités de marques.
    • Un excellent réseau de représentants exclusifs intéressés aux ventes et bien payés. La clientèle c’est pour la France 3.000 grossistes en mercerie qui vendent à 30.000 détaillants : des merciers et bien d’autres.
    • A partir de 1880, une publicité nécessaire pour contrer la concurrence, et en même temps des procès qui seront tous gagnés contre des « Général chinois », « Magot chinois », et autres chinoiseries. Une très belle affiche coloriée, imprimée par le procédé nouveau de la lithographie, est tirée à des milliers d’exemplaires. Elle sera apposée dans les gares et dans les magasins de détail.
    • La défense des prix et des marges des grossistes. En raison de son succès, le fil « au Chinois » court le risque de devenir un article d’appel, ce qui assurerait un succès éphémère. Sous peine d’arrêter les livraisons, Vrau interdit à ses grossistes de vendre en dessous d’un prix fixé.
    • Le système de « Bonifications de fin d’année » (B.F.A.) : A l’époque, les marges des grossistes étaient faibles, 5 à 6 %. La bonification de fin d’année était un système de remise non seulement proportionnelle mais progressive sur le chiffre d’affaires du client pendant l’année. Les concurrents s’efforcèrent de lutter en réunissant leurs ventes pour créer une B.F.A. commune. Leur système était lourd et peu efficace.
  • Les résultats
    • Le chiffre d’affaires est très réparti entre les clients, ce qui limite les risques financiers.
    • La vente porte essentiellement sur un seul article en deux nuances, noir et blanc, dans une dizaine de grosseurs. Bon an, mal an, il se vend régulièrement 70 millions de pelotes de 50 mètres par an, soit à peu près deux pelotes par Français. Le prix payé par le consommateur est de huit centimes de franc-or par pelote, soit environ 0,30 euros. A l’origine la part de Vrau dans le marché est de 25 %, sans doute plus par la suite. Nouveau venu, le fil à coudre en coton présenté sur bobine bois par de nombreux fabricants, dont J.T.P.F. et Wallaert, connaît un développement parallèle. Il ne concurrencera véritablement le fil de lin qu’à partir de 1910.
    • Il y avait certainement une économie sur les achats de filés faits par grosses quantités, longtemps en Angleterre. La matière représentant 50 % du prix de vente, une économie de 4 % sur les achats représentait 2 % du prix de vente. Les frais de représentation sont ramenés de 5 à 1,5 %, d’où une économie de 3,5 %. L’économie sur les frais généraux peut être chiffrée à 2,5 %, et cela fait au total une économie de 8 %. Le reste de la marge se trouve dans un prix de vente légèrement plus élevé que celui de la concurrence et qui reste stable à une époque où le franc était lui-même stable.
    • Le bénéfice moyen est de 16 % soit environ. A l’époque il n’y a pas d’impôt sur les bénéfices, ni même de taxes sur les ventes.
  • Un patron Chrétien
    • Philibert Vrau avait la volonté de développer au mieux sa société, afin qu'elle dégage d'importantes ressources lui permettant de financer des œuvres sociales et chrétiennes. Il pratiqua une politique de prix fermes, alors que la concurrence appliquait des prix bas de manière désordonnée. Dans le même temps, il pratiquait des primes en fin d'année pour fidéliser les grossistes et assurer la promotion de ses produits auprès des merceries de détail. Les ventes annuelles passèrent ainsi de 282 000 boîtes de 48 pelotes en 1864, à 1 950 000 boîtes en 1875. La production était en partie exportée vers l'Allemagne et le Nord de l'Europe.
      Au sein de son entreprise, Philibert Vrau se comportait en grand patron moderne, développant une politique sociale dans son usine qui resta longtemps un modèle :plus de travail de nuit pour les femmes, journée de dix heures, repos dominical, sociétés de logements ouvriers, écoles pour les enfants, caisses de chômage et de retraite…  À une époque où la sécurité sociale et les comités d'entreprise n'existent pas, l'entreprise apportait une aide financière aux ouvriers en cas de maladies, retraites, mariages, et les assiste dans les "coups durs".
    • Après sa conversion au catholicisme en 1854, il choisit de rester célibataire et fonda à Lille en 1857 une organisation de prière dédiée à l'adoration du Saint-Sacrement. Sur la suggestion d’Émilie Tamisier, Vrau organisa en 1881 à Lille le premier congrès eucharistique mondial.
    • Vice-président de 1872 à 1886, puis président de 1886 à sa mort, du conseil régional des Conférences saint Vincent de Paul, Philibert Vrau créa et finança un grand nombre d’œuvres catholiques : patronages, cercles catholiques d’ouvriers, congrès catholiques du Nord et du Pas-de-Calais, Université catholique de Lille, l'École des Hautes Études Industrielles, Institut catholique d'arts et métiers, écoles primaires paroissiales, œuvre des nouvelles églises de Lille, presse chrétienne...
      À propos de la fondation de l'université catholique de Lille, le cardinal Régnier, archevêque de Cambrai, eut ce trait d'humour : « L’existence de notre université ne tient encore qu’à un fil, mais ce fil est solide, c’est le fil Vrau ». Un procès en béatification de Philibert Vrau a été ouvert en 1912, sept ans après sa mort, par l’archevêque de Cambrai. La cause du procès est double puisqu'elle concerne également son beau-frère Camille Féron-Vrau
  • (sources diverses)
 
Maj 17/07/2017