logo JTPF
Histoire de J.T.P.F.
"JULIEN THIRIEZ PERE & FILS" 1833-1880
(première partie)
 
  • Les THIRIEZ seraient une famille d'origine Lorraine fixée au Quesnoy, dans le Nord, avant 1750
    (le "département" du Nord fut créé en 1790).
  • François Joseph THIRIEZ, fils de Sébastien THIRIET (1715) et de Marie GRUMEAU, est né en 1748 au Quesnoy.
    Il est Maitre-Tailleur, époux de Constance Joseph LEFEBVRE née en 1750, fille de Philippe Joseph LEFEBVRE, cabaretier et de Marie Ange COURTIN. Ils s'installent à Lille.
  • Son fils, Germain (1775-1821) épouse Eugénie DESTOMBES (1778-1815). Directeur d'un petit atelier de filature de coton créé à Lille par un roubaisien; puis courtier en coton vers la fin de sa vie (voir une carte de Lille en 1708).
  • Un de leurs enfants, Julien Romuald (1808-1860), contremaître dans une usine textile de Lille, époux de Émilie Marie DUPONT (1811-1884), fille d'un ancien ouvrier filetier devenu commerçant, sera à l'origine de l'entreprise textile. Julien consigne ses notes techniques dans un livre.
  • Voir la page d'histoire

La ville de Lille :
" Lille vient de « insula » (île), car elle était entourée par la Deule. Entre 1800 et 1850 Lille bascule dans le monde de l’industrie. Beaucoup de mes ancêtres avaient pour métiers : filtier, fileur de coton, dentellière, rattacheuse, bambrocheuse, couturiere, tulliste, blanchisseuse, ect …Lille voit le textile s’imposer comme sa puissance économique, la ville se spécialise dans le travail du lin et du coton. Ces 2 secteurs emploient 85% des travailleurs lillois, leurs vie est terriblement dure, 80 a 90 heures de travail par semaine pour des salaires de misère". (cf. "Au fil des rues").
Le fil à coudre :
Dans ces années se créent à Lille des entreprises de fil à coudre en lin, notamment en 1816, celle de la famille VRAU connue pour sa marque : le "Fil au Chinois". Les fils servaient à coudre les tissus
et les cuirs, ou à confectionner des dentelles. Les entreprises sont artisanales, les métiers sont en bois, entraînés par la force humaine, rarement par des chevaux. Lille comptait en 1870 environ 6.000 ouvriers filtiers.
A cette époque, on livrait les clients avec une "baladeuse", petite voiture à bras.
Social : le "règlement intérieur" pour les ouvriers dans les usines en général, à cette époque, nous paraîtrait aujourd'hui bien surprenant : voir document.

  • 1833
    Julien Romuald créée la maison THIRIEZ, rue du Bourdiau, cour du Chaudron à Lille.;

    il apporte 2.OO0 F en argent et matériel, et son associé, Théophile DESTOMBES, 10.000 F en versements successifs.
    La petite filature a des métiers actionnés à la main (alors que d'autres firmes lilloises plus puissantes, comme les Ets WALLAERT ont des machines à vapeur).
  • L'entreprise se spécialise dans la production des filés fins pour les fabricants de tulle de la région Nord-PdC, et pour les tisseurs de toile de Tarare.
  • 1835 : "Dans la matinée d'aujourd'hui, MM. de Lanessan, Pierre Legrand, Mézières, Reymond et Richard Waddington ont visité la grande filature de MM. Thiriez, une des plus vastes du monde, où une seule salle, de la dimension d'un hectare, contient quarante-huit mille broches. Ils ont été frappés de la perfection des procédés et de la belle installation de l'établissement. Les 1,800 ouvriers qu'occupent MM. Thiriez sont logés dans les meilleures conditions de salubrité".
    Journal »Le Temps », Paris, 1er janvier 1835 (cf. Gallica)
JTPF 1920
Filature THIRIEZ
  • Julien reprend l'affaire à son compte, au départ de son associé, puis crée de nouvelles installations en association avec un lillois, Mr. COUAILLAC; les actifs se montent maintenant à 98.000 F
  • 1853,
    Alfred THIRIEZ (1833-1903), 20 ans, fils ainé de Julien, époux de Delphine VALDELIEVRE, et qui a quitté l'école à 15 ans pour rentrer en usine, installe à Lille en 1853, le long de la route Impériale menant à La Bassée, aujourd'hui rue du Faubourg de Béthune, une filature qui s'étendra à Equermes (banlieue de Lille) et jusqu'à Loos-lez-Lille (localité rurale de 4.000 habitants).
  • 1856
    Les 2 filatures (père et fils) totalisent 17.000 broches en filature et retorderie
  • 1857,
    Alfred THIRIEZ s'accocie à son père Julien, dont l'affaire connaît des moments difficiles, pour créer la société J. THIRIEZ Père & Fils (JTPF), "Manufacture de coton. Filature de Lin et de Chanvre"
    à partir de la fusion des deux affaires
    . Il remplace le métier à mains par un manège de 6 chevaux (origine du logo à tête de cheval), et ensuite par une machine à vapeur.
    La firme se spécialise dans les fils fins pour tulle, ganterie et bonneterie
  • 1860,
    Décès de Julien-Romuald THIRIEZ.
    Ses fils Julien (1837/1913
    ), Louis et Léon rejoignent Alfred dans l'entreprise JTPF.
    La firme perd une partie de ses clients à cause de la concurrence des filés fins britanniques rendue plus vive par le Traité de Libre-Echange, et s'oriente alors vers la production de fils à coudre en coton.
  • 1862
    THIRIEZ est la 1ère société en France à fabriquer les fils pour machine à coudre et dépose un brevet pour une machine à glacer les cotons fins inventée par un THIRIEZ, avec sa femme, dans leur cuisine, à partir d'une sauce permettant de glacer le fil de lin.
    La machine à vapeur a une puissance de 1.000 chevaux-vapeur.
    L'usine d'Esquermes s'étend progressivement sur 6 hectares, en partie sur l'ancienne ferme PLATTEL. Des bâtiments de 4 étages et 12 m de large s'étendent sur 142 m route de Béthune et 46 m rue de l'Epinette.
    Les cotons sont achetés aux Etats-Unis à Andrew Law & Co, à Savannah. Le transport pouvait prendre 5 mois.
  • 1863 : visite de l'Empereur Napoléon III à la "Fabrique d'Esquermes"
  • 1864 : créations des cours Béal, Soulier et Planque (rues de Londres, Deleplanque, Malassis) pour l'habitat ouvrier, préfiguration de la future Cité Ouvrière
  • 1866 : Léon THIRIEZ (1845-1918), sorti de Centrale, rejoint la société.
  • 1869 : on compte 40.000 broches

cliquer sur l'image pour voir le plan de Loos actuel
  • 1867, juillet. Médailles d'Argent et de Bronze à l'Exposition Universelle (refusées par les Ets THIRIEZ qui estimaient devoir recevoir une médaille d'or (voir documents).
  • 1870 : Création d'une crèche pour les enfants des ouvriers
  • 1871 : Début de la construction de l'usine de Loos, dite "usine de la rue de Londres"sur un terrain de 19 ha
  • 1871-1872 :
    Construction des ateliers 1 et 2, bâtiments à sheds sur 1 hectare, avec filature complète : mélange, battage, préparation, filage. Ils sont équipés de machinesà vapeur horizontales
  • 1872 :
    Décès de Edouard THIRIEZ (1835-1872), filateur, membre Conseil Municipal de Loos
  • 1876 :
    Le département du Nord compte 1,5 Millions d'habitants
  • 1878 :
    Rachat d'une petite filature appartenant à un Anglais, Mr. GALAFANT, enclavée dans le terrain THIRIEZ, et donnant rue de Béthune; agrandissement des installations de Loos.

1880 ("Géographie du Nord", par Adolphe JOANNE, Hachette 1880)

"La filature est plus active dans le département du Nord que partout ailleurs en France. A Lille, et dans sa banlieue seulement, on compte 206.000 broches (80 fabriques, 12.000 ouvriers ou ouvrières) pour la filature du lin et des étoupes, et 413.000 broches à filer le coton (7.000 à 8.000 travailleurs) ... Les industriels ont créé en 1872 une association dite Société industrielle du Nord de la France, analogue à celle de Mulhouse et qui a le même succès. ... avec un comité cotonnier".
"Le département du Nord est habité par deux races d'habitants distinctes, l'une d'origine tudesque, l'autre française de mœurs et de tempérament. La première, qui occupe la portion du territoire située au nord de la Lys, parle encore flamand; mais cet idiome recule chaque jour devant le progrès du français".

La ville de Loos : 6.706 habitants, commune de Haubourdin
Maison centrale de détention, dans une célèbre abbaye fondée en 1140 et réédifiée en partie en 1732.

Construction des premières "maisons ouvrières" avec jardin, sur 100 m2 de superficie, disposées par 5, 10 ou 15 autour d'un grand square de 3.000m2. Il s'en construira 250, 13 pour les employés et 237 pour les ouvriers, faisant de cet ensemble une imposante cité ouvrière. Il se construira ensuite 36 habitations plus grandes sur le square Billon et dans l'avenue Lelièvre.

Suite de l'histoire JTPF
Alfred THIRIEZ
Léon THIRIEZ-MIELLEZ
Alfred THIRIEZ (1833-1903)
Léon THIRIEZ-MIELLEZ (1845-1918)
Centralien 1866
Grand-Place de Lille en 1880

Extraits de

  • "La restructuration de l'industrie textile et ses conséquences. L'exemple du Groupe Dollfus-Mieg", par Michel BATTIAU, CÉRÈS Nord-Pas-de-Calais n°11
  • "Géographie du Nord", par Adolphe JOANNE, Hachette 1880